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Capitaine Nicolas Caillon
Neuves-Maisons le 7 Octobre 2006

Un peu de patience...... et les photos vont défiler sous vos yeux

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On est plus inquiet du temps qu'il va faire. Tendre le dos aux futurs orages qui risquent de détruire les récoltes, abîmer le raisin.
Son papa décède la même année ; ce qui le frappe certainement plus que toutes ces agitations parisiennes. Trois années passent.

1792 : La république est en danger ! Hurle Danton à l'assemblée. En effet, les puissances étrangères se liguent contre la République. Le manifeste de Brunswick est sans équivoque. Il faut renoncer à la République, replacer le Roi à la tête de la France sinon Paris sera détruit et brûlé. Déjà les armées Prussiennes et Autrichiennes envahissent le territoire, Longwy est tombé, nos armées reculent partout devant l'envahisseur ; on demande des volontaires. Nicolas répond à l'appel de la nation. Il s'inscrit et il est incorporé au 6ème bataillon de la Meurthe le 22 juillet 1792.
C'est une très belle recrue : voici son portrait qui date de
1720 environ : yeux bleus, front haut, il mesure 1m80, il est de constitution particulièrement robuste.
Simple soldat, Nicolas Caillon y sera de longues années. Il fait donc campagne avec ce bataillon jusqu'en
1794, nous n'avons pas de renseignements précis pour cette époque.

Le
4 février 1794, il est affecté au premier régiment de dragon dont l'uniforme est beaucoup plus seyant que son habit de fantassin : habit vert, collet, plastron revers écarlates, culotte blanche, plumet vert et rouge.

Le 27 mai 1909, le conseil municipal de Neuves-Maisons décide de poser une plaque commémorative sur la maison natale du Capitaine Caillon.
A cette occasion il débaptise la rue de Neufchâteau et lui donne le nom de notre héros. Quelques anciens lors de cette cérémonie se souviennent encore l'avoir vu dans leur prime jeunesse puisqu'il revient fréquemment dans son village natal. Sans cette plaque, son souvenir serait totalement éteint.
Nicolas Caillon est donc né ici le
13 avril 1771 ; à la place de sa maison natale se trouve maintenant une station service. Nicolas est fils de vignerons comme beaucoup d'habitants à l'époque. Sa vie est toute tracée : il est vigneron à son tour. Il fréquente l'école paroissiale située au prieuré où il apprend à lire, écrire, et compter. Il a 18 ans en 1789. Dans les petits villages partout en Province, les événements parisiens ne sont pas très bien compris. On parle de Révolution. Qu'est-ce qu'une Révolution ? Qu'est-ce que cela va changer pour nous !!!

Il fait ses premières armes de cavalier le 30 avril 1794 à la bataille d'Arlon. Marches et contre marches se succèdent, certains jours de 9 heures du matin jusqu'à 10 heures du soir. Le ventre vide, la troupe grelotte sous la pluie, tous sont exténués. Le 26 juin 1794 il participe à la fameuse victoire de Fleurus.

En
1795 le régiment passe le Rhin avec les armées Républicaines. Le 3 décembre à Wützburg, Nicolas est atteint par un boulet, c'est sa première blessure.

1799 : De nouveau en campagne en Allemagne puis en Suisse.

1800 : Bonaparte est devenu premier consul, il adresse des offres de paix à l'Autriche à l'Angleterre et à la Russie. Seule la Russie ne rejette pas l'offre de paix mais reste à l'écart. Décidé à abattre l'Autriche, il prépare un plan offensif vers l'Italie. Caillon passe donc le col du grand St Bernard avec le premier dragon.

Le
14 juin à Marengo son régiment fait merveille et participe à la célèbre charge de Kellermann qui décide de la victoire. Dans cette action, Nicolas est frappé d'une balle, c'est sa deuxième blessure. Sa brillante conduite lui vaut sa nomination au grade de brigadier.

1805 : Caillon fait partie de la grande armée rassemblée par Napoléon pour envahir l'Angleterre. Menacé par une nouvelle coalition, l'Empereur porte son armée sur le Rhin, pour surprendre et ainsi éviter la réunion des troupes Russes et Autrichiennes. A marche forcée, le premier dragon traverse l'Allemagne. Le 15 octobre, Nicolas prend deux canons et fait prisonnier le général Odonel commandant en chef l'arrière garde ennemie, ce qui lui vaut d'être élevé au grade de maréchal des logis chef et proposé pour la légion d'honneur. Le 2 décembre, il est à Austerlitz. Son régiment repousse avec succès les efforts des Russes pour prendre les positions de Telnitz et Sokolnitz.

Le
16 mars 1806 Nicolas Caillon reçoit officiellement la légion d'honneur et une gratification de 600 FR. somme importante pour l'époque, qu'il donne généreusement aux blessés de sa compagnie. Le 14 octobre il charge à la bataille d'Iéna. La Prusse est vaincue. Il défilera devant l'Empereur sous la porte de Brandebourg à Berlin.

En
1807, commence une campagne terrible contre les Russes, Nicolas entre dans Warsovie. Le 8 février, il participera à la sanglante bataille d'Eylau. Quelques jours plus tard, il est nommé adjudant. Il se bat à Heilsberg et contribue à la victoire de Friedland qui met un terme à la guerre par le traité de Tilsit.
Le
19 septembre, il faut nommer un nouveau sous-lieutenant, Caillon remporte tous les suffrages.

1809 : il est en Espagne, guerre épouvantable de cruauté, il y sera blessé deux fois.

Le
18 juin 1811, Napoléon transforme le premier dragon en chevaux légers lanciers.

1812 : Campagne de Russie, Nicolas fait parti des 600 000 hommes qui passeront le Niemen. Le 15 septembre, il entre dans Moscou il est nommé lieutenant. Le 19 octobre, la retraite commence. A Wiasma un boulet en bout de course le blesse grièvement au dos. Comment survivra-t-il à cette terrible blessure ? Probablement à sa robuste constitution mais aussi à une volonté de fer. Il fait parti pendant cette retraite du bataillon sacré où les généraux ont rang de capitaine. Il passe la Bérézina avec les restes de l'armée. Son régiment est reformé, campagne d'Allemagne en 1813. Il se bat à Lutzen, à Dresdes, à Leiptzig, le 6 septembre, il est nommé capitaine, il est de ceux qui force le passage à la bataille de Hanau. Il échappe par miracle à la mort vu les nombreux combats auxquels il participe mais aussi au typhus qui anéantit une grosse partie de l'armée.

1814 ; la France est envahie. Avec des effectifs squelettiques, Napoléon retarde l'échéance. Nicolas se bat à Vauchaux, Champaupert, Craonne, à Laon il est blessé pour la 10ème fois. Napoléon abdique, à son retour de l'Île d'Elbe, Caillon est toujours à son régiment, cependant, il ne participe pas à la bataille de Waterloo.
Après la capitulation de Paris, l'armée se retire au sud de la Loire. La terreur blanche bat son plein. L'armée est réorganisée ; il faut débarrasser celle-ci d'individus indésirables. Nicolas est autorisé de se retirer dans ses foyers, il fera parti des demis soldes. Rentré à Neuves-Maisons il y reste peu de temps, il s'établit à Nancy rue des maréchaux. On peut l'imaginer sur les bancs de la pépinière ou de la carrière traîner son ennui avec d'anciens soldats. Un de ses compagnon, le capitaine Marchal, lui présente une de ses parentes : Felicite Justine Poma. Ils se marient le 
8 octobre 1817. Ils habitent au 35 rue Stanislas,  ils mènent une vie heureuse et sans histoire mais n'auront pas d'enfants. De temps en temps il revient à Neuves-Maisons rencontrer d'anciens amis.

Le
9 juillet 1843 à 11 heures du matin Nicolas Caillon meurt à l'âge de 72 ans.

Voilà en quelques lignes le récit d'une vie assez extraordinaire, qui sans un événement : la Révolution, une décision : l'engagement et une grande volonté se serait écoulée dans un parfait anonymat.

Son souvenir nous impose le plus profond respect.